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Le parti de Vladimir Poutine revendique une large victoire en Russie

En Russie, le parti du Kremlin arrive en tête au terme d'un scrutin entaché de fraudes.
En Russie, le parti du Kremlin arrive en tête au terme d'un scrutin entaché de fraudes. / 19h30 / 1 min. / le 20 septembre 2021
Le parti du Kremlin a affirmé lundi avoir remporté plus des deux tiers des sièges de députés à l'issue des législatives en Russie, conservant ainsi la super-majorité nécessaire pour modifier la Constitution sans l'appui d'autres formations. Il n'affrontait pas d'opposition réelle après la liquidation du mouvement d'Alexeï Navalny.

Un haut responsable de Russie unie, Andreï Tourtchak, a estimé que sa formation avait remporté au moins 315 mandats sur les 450 en jeu, saluant une victoire "claire et propre", en dépit des multiples accusations de fraude de l'opposition anti-Kremlin qui, dans la foulée de mois de répression, a été exclue du scrutin.

Après le décompte de 85% des bureaux de vote, le parti de Vladimir Poutine était à 49,76%, devant les communistes (19,61%).

Ce résultat non définitif est en recul par rapport à 2016, lorsque Russie unie s'était assuré 54% des suffrages. Le parti s'était alors arrogé 334 élus.

Andreï Tourtchak a également revendiqué la victoire dans les 39 régions où les législatures régionales étaient renouvelées.

Opposition exclue

Le mouvement de l'opposant emprisonné Alexeï Navalny a dénoncé pour sa part des fraudes électorales massives durant le vote mais aussi lors du décompte.

Russie Unie est loin de pouvoir affirmer avoir gagné le cœur des Russes, comme en témoigne sa cote de confiance à moins de 30%, selon le centre de sondage étatique VTsIOM. Le parti est miné par les affaires de corruption et la chute du niveau de vie dans le pays.

En amont des élections législatives, le mouvement d'Alexeï Navalny a été interdit pour extrémisme, et ses partisanes et partisans exclus du scrutin.

Ces derniers avaient donc appelé au "vote intelligent", consistant à voter pour les personnes candidates, généralement communistes, les mieux placées pour gêner ceux de Russie Unie.

Selon l'opposition, le succès de cette stratégie a été révélé durant le dépouillement, si bien que les autorités ont eu recours à des falsifications massives, telles que bourrages d'urnes, retards suspects dans l'annonce des résultats du vote en ligne à Moscou, observateurs du décompte chassés des bureaux de vote à Saint-Pétersbourg.

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"Fraudes électroniques"

"Ce sont les élections de la fraude électronique", a lâché sur Twitter Ivan Jdanov, un lieutenant en exil de l'opposant Alexeï Navalny. Un autre de ses alliés, Léonid Volkov, a évoqué "une réécriture complète" des résultats à Moscou et Saint-Pétersbourg.

La popularité de Russie unie était en berne avant le vote, avec une cote de confiance de moins de 30% selon le baromètre de l'institut étatique Vtsiom.

L'ONG spécialisée Golos a relevé plus de 4950 irrégularités potentielles et évoqué comme une "évidence" la baisse du "niveau de transparence" et "de clarté du système électoral".

Selon Léonid Volkov, le niveau de fraudes est pire qu'après les législatives de 2011 qui avaient été suivies d'une importante vague de manifestations.

La présidente de la Commission électorale, Ella Pamfilova, a balayé ces accusations, louant "la transparence" du scrutin.

Washington dénonce

Washington a dénoncé lundi les conditions de ces élections, affirmant que les Russes avaient été "empêchés d'exercer leurs droits civiques".

"Les élections législatives des 17 au 19 septembre de la Fédération de Russie se sont déroulées dans des conditions qui n'étaient pas propices à des procédures libres et équitables", a affirmé le porte-parle de la diplomatie américaine, Ned Price, dans un communiqué.

L'Union européenne a quant à elle dénoncé un "climat d'intimidation" avant le scrutin. "Ce qu'on a vu à l'approche de ces élections, c'est une atmosphère d'intimidation contre toutes les voix critiques indépendantes", a déclaré Peter Stano, porte-parole du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, lors d'un point de presse, déplorant aussi que ces élections se soient déroulées "sans observation internationale crédible".

Un porte-parole du gouvernement allemand a lui déclaré que les soupçons d'"irrégularités massives" pendant les élections législatives russes doivent être "pris au sérieux" et "tirés au clair".

afp/lan/sjaq

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D'autres partis

Outre Russie Unie et les communistes, trois autres partis sont en position de passer la barre des 5% pour être représentés : les nationalistes de LDPR (7,53%), les centristes de Russie Juste (7,34%), et un nouveau venu, le parti des "Nouvelles personnes" (5,31%).

Toutes ces formations sont considérées dans la ligne du pouvoir.

450 députées et députés à renouveler

Le vote vise à renouveler les 450 mandats de députation de la Douma, la chambre basse du Parlement actuellement dominée par Russie Unie. Des élections locales et régionales ont également lieu.

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